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UNE INTERPRETATION DU MILLESIME 2017

Une poignée de jours splendides avec des proches « amis du vin » m’a permis d’entrer dans ce millésime et d’échanger avec des experts qui vivent leurs vingtièmes primeurs bordelaises ou plus.

Pour ceux qui souhaitent entrer en détail dans le déroulement du millésime , voici un lien vers un article particulièrement fiable et complet écrit par Gavin Quinney (EN), qui décrit les deux facteurs caractéristiques de la climatologie en 2017 : les dégâts du gel d’avril et les importantes pluies estivales de juillet – août.

 

Alors, nous revient la question : cela vaut-t-il la peine de répondre à une campagne primeurs cette année ou non?
Les prix sont annoncés incroyablement « stables » (-5/-10% par rapport à 2016). Cela ne peut que s’expliquer à travers une admirable étude de marché pour déterminer le prix et le volume que le marché mondial serait capable d’absorber.
Le rétrécissement du volume de vins, comme vous pouvez l’imaginer, n’est pas seulement imputable au gel ou au tri effectué à des fins qualitatives, mais plutôt à la rétention voulue par les châteaux. 

Du point de vue entrepreneurial, je suis totalement d’accord avec eux. S’ils arrivent à maintenir les prix hauts avec une promesse attrayante (les primeurs) et réaliser de la trésorerie rapide tout en étant assis sur un stock qui pourrait être revalorisé dans l’avenir…pourquoi pas jouer ce jeu?

Les grands « influenceurs » n’auront pas de soucis à distribuer quelques notes sanctionnant la perfection absolue,
mais je ne m’attendrais pas à un phénomène de « green wave » cette année.

2017 sera-t-il un millésime peu considéré comme 2001, pour la simple raison qu’il suivait l’année du millénaire ou comme une année « pas exceptionnelle » ? Pour les investisseurs et les professionnels impliqués dans le marché bordelais, toutes ces questions se posent de façon récurrente depuis longtemps.

Par rapport à l’affluence aux dégustations des primeurs, la vieille Europe se montre la plus fidèle. Les Etats-Unis et l’Angleterre inclinent à un ralentissement, tandis que le marché asiatique semble en vitesse de croisière dans les ex-colonies comme Macau et Hong Kong, avec un intérêt en apparence moins déterminé dans le reste du continent. Il faut dire que tout le monde n’aime pas conclure un achat et devoir attendre deux ans avant d’obtenir la marchandise…
Faut-il considérer ces indicateurs comme un signe de ralentissement du système des primeurs et travailler sur une rétention encore plus importante de la part des châteaux ?

To do or not to do ?
Laissons tous ces casse-têtes à ceux qui trouvent un argument pour soutenir ce système et concentrons-nous sur le pur plaisir qu’ouvrir une excellente bouteille (pourquoi pas de Bordeaux?) nous procure.

De mon humble point de vue, je suis encore partagé: j’ai goûté certains vins trois fois pendant les quatre jours intenses des primeurs et les échantillons ne montraient pas de vraie constance: trois vins différents !
D’autres offraient une version superbe quand je les ai goûtés au château et une version plus maigre et sèche ailleurs. Alors, quel sera au final le vrai profil du vin dans la bouteille et quelle était la « Parker’s barrel » en primeur?

Comme dans chaque millésime et chaque région viticole, il y a des perles. Certaines nous accompagneront dans les vingt ans ou plus à venir, avec une certaine accessibilité et du plaisir dès leur jeunesse. Ce 2017 représente un millésime solaire pour ceux qui l’ont réussi. Il donne l’impression de ne pas pouvoir se refermer, dans une jolie expression de coulis de fruit frais et gouleyant. D’autres vins sont plus minces, et ni l’élevage, ni le temps n’y changeront rien.
La plupart de mes amis vignerons seraient d’accord de dire qu’aujourd’hui, avec tous les moyens à disposition, il est difficile de faire du mauvais vin…

En conclusion, je profite de souhaiter à tous les producteurs concernés une excellente campagne et aux amateurs, qu’ils continuent à se faire plaisir avec ce noble breuvage qui peut nous donner tant d’émotions.

Santé !